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A la demande de Bruno,  fidèle lecteur du blog, voici une énumération des pièces composant les instruments du quatuor ainsi que les matériaux dans lesquels ils sont fabriqués.


Dans le manuel du Roret de 1834, M. Maugin établit la liste suivante :

En fait, qu’on compte ou pas certains accessoires, ou selon la longueur de certaines pièces utilisées, le décompte change, mais les pièces sont bien  celles photographiées ci-dessus.
Généralement le fond, la tête (le manche), les éclisses et le chevalet sont en érable.
La table, la barre d’harmonie et l’âme sont en épicéa . Les tasseaux et les contre-éclisses peuvent être également en épicéa ou dans un autre bois tendre.
Les filets sont un assemblage de 3 copeaux  de bois collés entre eux incrustés dans un canal creusé dans la table et le fond. Les copeaux noirs peuvent être de bois teint ou d’ébène.
Les chevilles, le cordier, le bouton et la mentonnière (pour le violon et l’alto) peuvent être d’ébène, de palissandre ou de buis.
La touche et les sillets sont, majoritairement aujourd’hui, d’ébène. Les violoncelles modernes ont une pique qui peut être en différentes matières, du bois à l’acier en passant par le carbone.
Les cordes peuvent être de boyau (de mouton), de boyau ou de nylon filé avec de l’argent ou de l’aluminium, d’acier ou d’or.
Contrairement à ce que pensent bien des gens, le fond et la table sont sculptés et creusés dans la masse, le travail du luthier est donc principalement un travail de sculpteur.
Je reviendrai sur la fabrication de chacune de ces pièces ainsi que sur les outils qu’on utilise pour ce faire dans de futurs articles. Mais en attendant je vous renvoie aux deux petits diaporamas, déjà édités dans ce blog, présentant pour l’un la fabrication de la couronne d’éclisse et pour l’autre la sculpture de la tête.


5 commentaires

blogoosphere · 18 février 2010 à 14 h 09 min

Et bien, quand on pense à Stradivarius, on reste dubitatif à ce que les médias ont rapporté il y a quelques mois! Que ce maître luthier d’il y a plusieurs siècles, connu à travers le monde entier pour la qualité de son travail, et ses conséquences sur la « qualité sonore exceptionnelle » qu’en sortent les violonistes, soit dû à une fabrication particulièrement commune, après avoir lu ton article, on ne peut pas y croire! N’étant absolument pas du métier, je me dis que luthier(e) doit avoir « ses trucs », vu le nombre d’étapes indispensables pour fabriquer un violon: je ne vois vraiment pas m’y mettre… quel savoir-faire!

    Anaïs Gassin · 21 février 2010 à 23 h 39 min

    Je ne suis pas sure de bien comprendre ce que tu veux dire. Les recherches que les médias ont rapporté il y a quelque mois, et dont j’ai parlé dans ce blog, ne s’attachaient qu’au vernis et ont conclu que les matériaux utilisés étaient commun. Je pense que tous les peintres de l’époque de van Gogh utilisaient à peu près les même matériaux dans leur peinture, il n’en reste pas moins que van Gogh a eu plus de génie que la plupart de ses contemporains. Ensuite le vernis d’un instrument ce n’est pas tout l’instrument. Je ne suis pas sûr qu’il faille avoir des « trucs » pour faire un bon instrument, il s’agit, comme tu le dis, d’un savoir faire. J’espère ne choquer personne en faisant le parallèle avec la cuisine, mais je pense que c’est une bonne métaphore. On ne s’attend pas à ce qu’un grand chef utilise un ingrédient magique pour que sa cuisine sorte de l’ordinaire. Bien sûr il lui faut des ingrédients de qualité mais c’est surtout son savoir-faire et son goût (sa sensibilité) qui feront un plat délicieux là ou d’autres auraient fait un ragoût infect.

      Bruno · 22 février 2010 à 5 h 10 min

      Je ne suis -à priori!- pas du tout « manuel » (et encore moins du métier!). Simplement, par rapport à l’article que tu as mis en ligne, ce qui me frappe, c’est la quantité de « paramètres » qui entrent en compte dans la fabrication d’un violon (70 pièces environ, de nature de bois variées -le bois est un matériel VIVANT: sa nature, sa durée de séchage lors de son utilisation …comme pour un meuble, feront une grande différence!-, la « mise en forme » de l’instrument , sans parler des cordes sélectionnées, travaillées et accordées. Autrement dit, la fabrication de l’instrument en question relève plus d’un ART que d’une SCIENCE EXACTE (comme pour Van Gogh, ou pour deux écrivains: ils utilisent la même langue, mais le résultat est forcément radicalement différent. Pourtant, leurs oeuvres constituent chacune « un livre »…). Certes, il y a une sorte de « fil d’Arianne » à suivre, mais la personnalité -et donc la « sensibilité » personnelle, et l’expérience professionnelle- du luthier feront la différence! Pour Stradivarius, ce n’est pas une explication que de dire qu’il utilisait un verni commun (comme presque tous les autres luthier). Je comprends que le terme « truc » peut t’avoir étonnée, et même que tu l’ai trouvé déplacé, si tu l’as pris dans son sens péjoratif. Ce n’était pas le cas dans mon esprit. Quant à ta comparaison avec la cuisine, elle me paraît excellente: avec les mêmes ingrédients, le résultat peut être extrêmement varié: pour le meilleur ou pour le pire… Les « trucs », ce n’est pas pour contourner telle ou telle étape, mais bien au contraire les aborder avec le plus de professionnalisme possible -au-delà même, si souhaitable à certaines étapes, des techniques apprises « scolairement »…-, pour que le tout (ton ouvrage), fasse LA différence! C’est ce qu’on appelle en général le savoir faire, n’est-ce pas? Et quel que soit le métier, ou l’activité, ta propre personnalité y est gravée, comme dans du marbre… Bref, le terme « violon » est un terme générique, mais derrière, il y a « violon » et « violon », n’est-ce pas? En tant que que luthière, tu sais faire la différence… Comme une même oeuvre musicale interprétée par différents musiciens, chacun professionnel, le résultat, « à l’oreille », peut-être extrêmement variée. L’important? La globalité du travail qui doit être la plus COHERENTE possible: et ça, c’est un métier! Qu’en penses-tu? Cordialement à toi!

        Anaïs Gassin · 23 février 2010 à 23 h 19 min

        Bonsoir Bruno,
        Tout à fait d’accord avec toi sur la cohérence du travail.
        Et je n’ai pas trouvé déplacé ton terme de « truc » 😉 Comme tu le dis, chacun a son tour de main, sa sensibilité et ses méthodes qu’il développe au fil du temps et de l’expérience. En fait je répondais à l’idée, largement répandue dans la littérature du XIXème et même encore du XXème, qui voudrait que les luthiers italiens du 17ème aient eu un ingrédient magique dans le vernis ou un bois particulier introuvable aujourd’hui qui feraient que ces instruments sont insurpassables. Effectivement les recherches sur le vernis ne démontrent rien quant à la qualité d’un strad, elles démontrent juste qu’il n’y a pas de truc magique comme le prétendent certains (en tout cas pas dans le vernis ;-)).

        Le « secret » est probablement beaucoup plus simple et en même temps infiniment plus complexe que ça : des matériaux commun, un savoir faire transmis oralement probablement similaire à celui d’autres artisanats etc. et en même temps un très grand nombre de paramètres : choix du bois, choix de la forme, choix des épaisseurs, choix du vernis, choix des cordes…

          Bruno · 24 février 2010 à 5 h 20 min

          Bonjour Anaïs,

          Tu as bien raison d’utiliser ce terme: il s’agit bien d’artisanat! Contrairement à un produit industriel, utilisant des machines et robots, ayant pour but premier « le rendement », chaque produit artisanal a un côté unique, dont la cohérence du travail demandé pour sa fabrication est la cause première de sa réussite par rapport au(x) souhait(s) du futur utilisateur… Et cela, seule l’expérience de l’artisan peut permettre de traduire correctement -par son travail et ses connaissances-, les voeux du client. Je suis certain que si et lorsque je visiterai un atelier de luthier(e) comme le tien, je serai très étonné de ce que je verrai… 70 pièces environ, c’est d’autant plus d’étapes à réaliser avec soin, pour que le tout soit à la hauteur des espérances de l’utilisateur! Musicien, c’est être musicien; luthier(e), c’est être luthier(e)… D’ailleurs, je crois me rappeler qu’à un moment de ta vie, tu as fait ton choix à ce sujet! Chacune de ces professions est une question de passion: cela ne s’improvise-pas. Bravo d’avoir fait le pas, et surtout d’avoir su ce que tu voulais faire de ton existence professionnelle! Ce n’est pas le cas de tout le monde, malheureusement.

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