La table et le fond des instruments de la famille du violon sont entièrement sculptés et creusés dans la masse.

On part d’une « part de gâteau » d’érable pour le fond et d’épicéa pour la table que l’on fend en deux. On joint ensuite les deux parties comme dans la deuxième photo.

épicéa coupé sur quartier

Table en deux parties collées par le joint central

Après avoir mis la surface (celle contre l’établi sur la photo) à plat, on trace le contour de l’instrument puis on le scie. Il existe ensuite différentes méthodes pour faire la table et le fond, je vous présente ici la mienne.


Une fois le contour scié, il ne reste plus qu’à dégrossir à la gouge!

Dégrossissage d’un fond de violoncelle

Dégrossissage bien avancé

Le dégrossissage bien avancé, on découpe plus précisément le contour (qui est encore brut de scie) avec canif et petit rabot.

On peut ensuite reprendre un peu à la gouge puis la suite se fait aux rabots

Voûte de table de violoncelle au rabot

On peut s’aider des lignes de hauteur qu’on trace avec ce merveilleux outil « fait maison » 🙂

Compas pour tracer les hauteurs

Courbes de hauteur sur une table de violoncelle

La voûte est enfin terminée au ratissoir (que nous retrouverons pour les épaisseurs) et voilà le résultat :

Voûte d’un fond de violoncelle

Prochain numéro : la mise à épaisseur ou creusage.


15 commentaires

Kitou · 4 mars 2010 à 23 h 00 min

Super cette explication. Beau travail, cette voute.
Combien de temps pour ça ?
bisous

    Anaïs Gassin · 5 mars 2010 à 0 h 42 min

    Une semaine pour la table, une semaine pour le fond environ. Après c’est comme pour un dessin ou pour une sculpture, on pourrait ne jamais s’arrêter… 🙂

      anna · 8 mars 2010 à 12 h 03 min

      deux semaines .c est comme la surface d une sculpture.etonnant.

        Anaïs Gassin · 8 mars 2010 à 14 h 20 min

        La surface d’une sculpture? Deux semaines c’est pour un violoncelle, pour un violon ça va nettement plus vite.

          anna · 8 mars 2010 à 14 h 41 min

          la surface me fesait penser a une sculpture comme un dos. trés beau travail de polissage.j ai travaille un peu le bois c est agréable comme matiére et ce qu elle offre comme possibilités.c est trés beau.

          anna · 8 mars 2010 à 15 h 36 min

          ok merci pour la précision c est rapide quand on voit le final .c est un beau travail.

Bruno · 7 mars 2010 à 4 h 15 min

Quel travail! De plus, je suppose que le choix des bois -et leur vieillissement- est essentiel (pour ne pas avoir de mauvaise surprise -noeuds dans le bois brut- lors de la mise en forme, et aussi pour le futur usagé). Bonne article, qui montre que, derrière deux éléments qui pourraient apparaître simples de conception aux néophytes, n’importe-qui n’est pas capable de les mettre en forme…

    Anaïs Gassin · 8 mars 2010 à 14 h 27 min

    Tu as tout à fait raison, il faut un bois vieilli naturellement pour préserver ses qualités et qu’il soit sec. Particulièrement pour le violoncelle, un bois pas sec bouge et peut subir des déformations. Le choix du bois est très important pour la transmission des vibrations, qu’il ne subisse pas de déformations… par contre un petit noeud dans un très beau bois n’est pas dramatique. il y a de très beaux instruments anciens avec des noeuds : on ne sacrifiait pas une belle pièce de bois pour ça, aujourd’hui on est souvent beaucoup plus perfectionniste…

anna · 8 mars 2010 à 10 h 27 min

superbe travail de sculpture.bravo!

Julien · 19 janvier 2011 à 19 h 05 min

Bonjour, il y a quelque temps j’ai mis une video sur youtube…
J ebauche un fond de chelo…Je trouve qu’ Il est très bien ton blog !


@+
Julien

Michel Bérubé · 1 février 2012 à 1 h 22 min

Bonjour Anaïs! Enchanté d’avoir découvert ton site! Depuis 2 semaines que je m’informe sur la fabrication de divers instruments afinet j’ai refait monter à la surface un vieux rêve de devenir luthier ou amateur dans quelques années, je me suis surtout informé sur les violons j’usqu’a présent et c’est la première fois que je vois un moule exterieure, est-ce à cause de la hauteur des éclisses qui pourrait se déformer que ce moule est placé de cette façon?

    Anaïs Gassin · 27 février 2012 à 11 h 33 min

    Bonjour Michel et désolée pour la réponse tardive. J’ai parlé brièvement de ce type de moule ici. Je n’ai pas vraiment réussi à trouver l’origine historique du moule en dedans, cependant on m’a toujours décrit cette méthode comme étant « à la française ». Je pense que « l’avantage » de cette méthode – du moins ce qui a sûrement été considéré comme un avantage lorsqu’on glorifiait la démocratisation de la musique grâce à la lutherie industrielle – l’avantage donc est de faire des instruments qui ont toujours exactement le même contour. Effectivement, avec un moule en dehors (comme l’utilisaient les crémonais classiques) on peut être amené à découper les tasseaux de façon un peu différente à chaque fois, ce qui modifie le contour, les éclisses étant collées sur les tasseaux. C’est ce qui explique la dissymétrie qu’on retrouve dans tous ces instruments, même chez Stradivarius. Au contraire, avec le moule en dedans, les éclisses étant pliées en suivant le contour du moule et les tasseaux ajustés aux éclisses ainsi pliées, le contour est toujours symétrique et on peut sans problème dessiner le fond et la table indépendamment des éclisses. En ce qui me concerne, j’ai appris à utiliser les deux méthodes et à l’époque où j’ai fabriqué ce moule j’utilisais le moule en dedans. Aujourd’hui j’aurais une légère préférence pour le moule en dehors car je trouve que ces dissymétries éventuelles ont un certain charme. Par ailleurs je m’inspire principalement des luthiers crémonais du XVII XVIIIème et c’est la méthode qu’ils utilisaient. Cependant je pense qu’il ne faut pas exagérer le rôle du moule et je trouve que les deux méthodes se valent, après c’est une histoire d’habitude et de goût.

      Michel Bérubé · 5 avril 2012 à 4 h 36 min

      Merci beaucoup pour cette très belle réponse, je ferai attentention afin de poser une question qui traite du sujet en cours également 🙂 Pour en revenir aux voûtes, est-ce que chaque courbe de hauteur correspond à la même épaisseur tout le tour? Je sais que l’épaisseur varie d’environ 2.5 à 5.5 mm pour un violon mais est ce que l’épaisseur peu varier dans la même courbe de hauteur sur le coté des graves versus le coté aigüe? Plus je m’informe sur le sujet plus je comprend que le fond et la table sont l’empreinte digitale de l’instrument et je me pose la question si ces épaisseurs doivent absolument être le plus symétrique possible. En passant tu pourrais me conseiller un volume où je pourrais retrouver ces dimensions pour m’aider dans mon cheminement?

        Anaïs Gassin · 5 mai 2012 à 10 h 51 min

        Bonjour Michel, les épaisseurs ne suivent pas les courbes de hauteur, en tout cas pas en ce qui concerne le fond car sinon on aurait une épaisseur constante. Si j’ai bien compris ton idée, je répondrai par la négative à ta deuxième question, en fait (de mon point de vue) il faut voir le creusage comme une voûte qui n’a pas la même forme que la voûte extérieure mais qui est quand même symétrique. Certains luthiers renforcent un peu l’endroit ou repose l’âme cependant, car c’est un endroit qui supporte plus de pression. Ca fait un moment que j’ai l’idée de faire une petite « bibliothèque » sur le site, affaire à suivre… Un des livres qui fait relativement autorité encore aujourd’hui est le livre de Simone Sacconi « les secrets de Stradivari », par contre je crois qu’on ne le trouve plus qu’en anglais. En français, je sais que le livre de Roger et Max Millant « Manuel pratique de la lutherie » n’a pas trop mauvaise réputation, personnellement je ne le connais pas. Vous pouvez également jeter un oeil à « L’art du luthier » de Tolbecque qui est disponible gratuitement en pdf, mais il n’y a pas beaucoup de mesures.

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